Je suis tombée il y a quelques jours sur une information qui m’a bien étonnée : la Finlande abandonnera l’enseignement de l’écriture cursive à l’école dès 2016.
Par cette décision, la Finlande rejoint les pays, comme les Etats-Unis, qui délaissent de plus en plus, voire définitivement, les feuilles et les papiers pour les claviers.
Non que je sois nostalgique du bon vieux papier (j’adore écrire sur mon clavier, partager avec vous sur mon blog plutôt que via la traditionnelle lettre), je regrette tout de même ce choix qui réduit l’écriture de chaque enfant à une machine et non plus à « un peu de soi ». Je vois déjà les critiques fuser ! Rassurez-vous, je ne pense pas que l’écriture que nous avons soit le reflet de notre personnalité. Ouf, diront certains ! « Hein, chéri ? »
Cette mesure comporte évidemment plusieurs avantages. Les enseignants n’auront ainsi plus de difficultés à lire leurs élèves. Les enfants seront donc certainement moins pénalisés à ce sujet. Je peux vous assurer que je suis souvent confrontée à ce problème. Ce n’est pas toujours facile de lire l’écriture de ces petites têtes blondes. Certains en profitent d’ailleurs peut-être : « Mais, madame, j’avais bien mis un m là, pas un n« .
Autre élément important, les compétences en dactylographie sont primordiales dans une monde aussi connecté que le nôtre. C’est un des arguments de Minna Harmanen, membre du Conseil national de l’éducation finlandais, en faveur de cette réforme : « savoir dactylographier aisément est une compétence essentielle. […] Ce changement sera certes une transformation culturelle majeure, mais savoir taper sur un clavier est plus pertinent à l’heure actuelle ». Il est donc nécessaire que les enfants apprennent à dompter leur clavier. C’est d’ailleurs une demande du PER (Plan d’études romand). Alors que les cours d’informatique seront supprimés, quelle branche le fera ?
Mais on constate encore un certain nombre de désavantages à cette réforme. Il est tout d’abord évident que tous les enfants n’ont pas les mêmes possibilités d’accès à un ordinateur à la maison. Certains pourraient alors être plus avantagés que d’autres.
De plus, les écoles romandes ne sont pas assez équipées de manière générale en matériel informatique. Imaginez-vous les coûts d’une telle transformation ? Déjà que les villes et les cantons (je parle de Vaud, pour mon cas) rechignent à fournir des beamers ou tableaux interactifs pour les classes…
Je me demande aussi si cette mesure ne rendrait pas encore plus pauvre l’orthographe de nos enfants. Ecrire via un clavier rime aussi avec correcteur orthographique. « Chic, nous aurons de meilleurs résultats dans le classement PISA ! »
D’ailleurs, qu’en est-il des tests ? Sont-ils faits sur ordinateur ? « Une dictée sur ordinateur ? Chouette, une bonne note assurée ! » J’imagine que non, dans le cas de la Finlande en tout cas. Bien que l’écriture cursive ne sera plus enseignée dans les écoles primaires, l’écriture en lettres d’imprimerie est toujours maintenue.
Enfin, et cet argument n’est pas moins important, un certain nombre d’études pensent que l’écriture manuscrite contribue au bon développement de certaines fonctions cérébrales de l’enfant. En effet, les neuroscientifiques estiment que l’écriture permet une meilleure mémorisation (on conseille généralement aux enfants d’écrire leur vocabulaire d’allemand, par exemple, pour le mémoriser ou si je vais encore plus loin, je me rappelle de toutes les antisèches soigneusement préparées durant mes études et pourtant jamais utilisées, tant les informations avaient été assimilées lors de la préparation. Si, si, je vous assure !). Et puis, l’écriture développe aussi la motricité fine chez l’élève. Rien de tout ceci n’est négligeable.
Même si l’information a plutôt bien été accueillie chez les enseignants finlandais, je me réjouis de voir si, dans ces pays, les exercices de bricolage et de dessins auront le même impact sur le cerveau des enfants que l’écriture cursive. L’avenir nous le dira !