Mon tout petit, nous t’avions attendu depuis tellement longtemps. Notre parcours pour enfin avoir un « positif » sur un test de grossesse a été semé d’embûches. Il nous a fallu être patients, vraiment patients.
Enfin, le 8 mars 2017, j’ai été la plus heureuse des femmes. Le test nous annonçait ta venue. En trépignant, j’ai rejoint ton papa pour lui annoncer la nouvelle. Je n’ai pas pu retenir mes larmes tellement j’étais contente.
Les 10 semaines passées en ta compagnie ont été fantastiques. Tellement heureuse de te savoir en moi, je n’ai pas fait attention aux petits maux des trois premiers mois. Avoir mal aux seins me rappelaient que tu étais là et me rassurait. Notre bonheur était total le jour où nous avons enfin pu entendre battre ton petit coeur et te voir. J’étais prête à tout pour toi, même à ne pas manger de sushis alors que nous étions en vacances au Japon, à ne pas boire un verre de vin ou encore à ne pas manger un bon bout de reblochon. Tous ces sacrifices, je les ai faits par amour pour toi. Je voulais que tu sois bien, que tout se passe bien.
Malheureusement, le vendredi 28 avril, ma vie s’est écroulée. Lors de l’échographie, ton coeur ne battait plus. Je savais alors que j’allais faire une fausse couche. Le 29 avril, vers 5h du matin, tu nous as quitté pour de bon.
J’ai fait un fausse couche. Voilà, c’est dit.
Ce n’est pas quelque chose de rare, puisque les fausses couches concernent une femme sur quatre. Si fréquent et parfois si banalisé par le corps médical, cet évènement a été bouleversant et choquant pour moi.
Par pudeur, je ne vais pas te raconter en détail ce terrible week-end. Je me rappelle simplement le stress à l’arrivée aux urgences. Selon mes symptômes, les médecins étaient confiants. Mais moi, je sentais que quelque chose n’allait pas.
A l’échographie, je me souviens d’un lourd silence. Ton petit coeur ne battait plus. La femme médecin n’avait même pas besoin de me l’annoncer, je le savais déjà. Je voyais bien, sur ton tout petit corps, que cette tâche blanche si rassurante n’apparaissait pas.
Après, on nous explique que tout ira bien pour la suite. « Ca arrive, mais ça ne veut pas dire que vous le revivrez la prochaine fois ! » « Vous êtes si jeune ».
Avec le médecin, on parle de la douleur physique (la mécanique du corps), mais peu de la douleur psychologique, pourtant si dévastatrice. Mon corps n’était plus si rassurant. Mon ventre n’était plus si accueillant. A la place de donner la vie, j’avais l’impression d’avoir donné la mort.
Les premiers jours ont été très difficiles pour moi. Je n’arrivais plus à retenir mes larmes, je me sentais vidée, creuse. J’ai dû me forcer. Il fallait que je parle de cette mésaventure. Il fallait que je fasse mon deuil. Il est difficile d’expliquer le tourbillon d’émotions que j’ai ressenti. Il est paradoxal de pleurer pour quelque chose qui n’a pas vraiment vécu, mais pour moi, ce n’est pas ce qu’il était, qui importait, mais ce qu’il allait devenir. Je visualisais déjà les prochains mois, j’imaginais la suite de la grossesse et l’arrivée de mon bébé, de toi, à la maison. Je me projetais déjà. En le perdant, c’est un rêve qui s’est envolé. Il m’a fallu du temps pour l’accepter. Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? Je vivais cet évènement comme particulièrement injuste. Nous avions déjà tellement attendu…
Un matin, je me suis réveillée et sans savoir pourquoi, je me suis sentie en paix. La boule dans mon ventre avait disparu, mes yeux restaient secs. Sans oublier ce moment de ma vie, j’ai pu avancer, me reconstruire.
16 Comments
Anne-Céline
31 octobre 2017 at 14 h 12 minJe découvre ton texte un peu par hasard, je ne savais pas que tu avais vécu cette douloureuse épreuve… Je suis contente de savoir que tu as pu te reconstruire et je t’envoie plein de bonnes ondes pour la suite ! Courage !
Entre vous et moi
1 novembre 2017 at 8 h 05 minMerci Anne-Céline. En effet, ce moment de ma vie a été extrêmement douloureux. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de soutien de mon mari et de ma famille. Il m’a fallu du temps, mais j’ai appris à vivre avec et à me reconstruire, comme tu le dis.
Lemonnier
19 octobre 2024 at 18 h 04 minBonjour a l,age de 18ans j’ai porté mon fils enceinte de 8mois je l,ai mis au monde et elase il et mort née maintenant j’ai 57ans je n,ai jamais oublié mon fils qui s’appeler Sébastien j’ai u 3 autres enfants mais mon petit ange que j’ai pas pu prendre dans mes bras je souffre encore aujourd’hui..Sylvie
Entre vous et moi
22 octobre 2024 at 11 h 32 minBonjour. Vous apportez dans cet article un commentaire vraiment émouvant. Merci à vous d’avoir pris de le temps de le faire. En effet, on n’oublie jamais ces traumatismes de notre vie. Ils sont juste un peu plus effacés, moins présents.
Sara
23 octobre 2019 at 15 h 14 minUn moment douloureux et banalisé. J’ai beau être déjà une maman comblée, une perte reste une perte. Et ce petit bout là me manque…
Entre vous et moi
24 octobre 2019 at 11 h 30 minMerci pour ton commentaire. En effet, c’est bien trop banalisé et pourtant si dur pour une maman et un papa. Courage à toi aussi.
Fragne
22 novembre 2019 at 19 h 41 minRhoooo comme j’aurais put l’écrire ce texte, j’ai fait une fausse couche à presque 3 mois, on est arrivé à l’écho et son petit cœur ne battait plus. Le silence le plus long de ma vie, mon monde s’est effondré. Mon mari ne me regardait pas alors forcément dans ta tête tu te dis, « j’ai perdu son bébé il me regardera plus comme avant ». Et tu enchaînes les rdv aux urgences pour programmer une opération par aspiration le lendemain.
Une période très dur et comme tu le dis tellement banalisé par le corps médical, les médecins ont malheureusement plus « l’habitude » que nous.
Il faut être bien entouré et ne pas l’oublier …
Entre vous et moi
26 novembre 2019 at 13 h 24 minNe pas l’oublier, c’est clair. Mais trop y penser, quand même pas.
C’est une expérience traumatisante, qui a aussi fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui.
Merci pour ton commentaire, même si cela implique que tu aies vécu quelque chose d’aussi horrible que moi.
Anna
11 décembre 2019 at 8 h 53 minVotre lettre me touche beaucoup, on vient de découvrir hier que son coeur ne battait plus. Jusque là je ne sais quoi penser…En lisant vos mots, je me sens moins seule, les gens ne comprennent pas forcément. comme si pouvoir refaire un enfant pouvait nous consoler..
Entre vous et moi
12 décembre 2019 at 16 h 38 minBonjour Anna,
Merci pour ce commentaire. Il me donne la chaire de poule.
Je vous souhaite beaucoup de courage dans ce moment difficile et traumatisant. Ce drame est bien trop souvent banalisé…
Corinne
16 mars 2020 at 9 h 28 minJ’ai vécu cela, par 3 fois… j’ai maintenant 52 ans et ces bébés, mes bébés, ont laissé un vide que les années n’ont pas su combler. Après ces fausses couches et 7 inséminations artificielles, Julien et né par le miracle d’une grossesse spontanée, suivie d’une deuxième, tout aussi inespérée. 5 mois après la naissance de Julien, Solène était annoncée. Malgré le bonheur d’être enfin mère, je n’ai pas réussi à oublier ces petits que j’aimais déjà tant et pour qui j’avais des rêves qui sont à jamais restés inachevés… Corinne
Entre vous et moi
19 mars 2020 at 15 h 44 minMerci Corine pour ce commentaire si touchant.
C’est génial de voir que malgré toutes ces fausses couches, deux bébés ont pu naître (comme par miracle).
Oublier n’est, je pense, pas le but. Il faut savoir vivre avec ces petits, sans qu’ils n’aient une place trop importante.
Plus facile à dire qu’à faire, j’en suis consciente…
Lewandowski Julie
21 décembre 2020 at 8 h 08 minBonjour
Nous avons perdu notre petit bébé au mois de juillet à 3mois et demi de grossesse ! Bébé tellement attendu !
Après un long parcours en pma!
Je me retrouve dans votre lettre c’est tellement ce que je ressens ! C’est tellement dur de vivre sans lui j’imaginais déjà son avenir notre avenir avec lui !
Comment réussir à se reconstruire sans lui auprès de nous ? Vous êtes tellement courageuse !
Merci au message de Corinne qui me redonne espoir la vie est tellement mystérieuse!
Julie.
Entre vous et moi
21 décembre 2020 at 16 h 13 minBonjour Julie,
Je vous remercie d’avoir partagé avec nous ce touchant témoignage.
La perte de nos petits anges est un moment difficile, et d’autant plus quand il est attendu depuis longtemps…
Courageuse, vous le serez aussi ! Un jour, vous vous sentirez assez forte pour tout recommencer et avancer. L’humain a une capacité de résilience impressionnante. Il faut avoir confiance. Avec le temps, les choses s’apaisent. C’est difficile à concevoir pour le moment, mais ça viendra.
J’espère vraiment que votre souhait de fonder une famille puisse aboutir prochainement et votre petit ange sera sûrement un peu avec vous.
Courage et belles fêtes de fin d’année à vous !
Audrey
9 octobre 2022 at 8 h 37 minBonjour,
Merci de laisser ces quelques mots, ou je me retrouve également…
J’ai appris l’arrêt de ma grossesse juste après l’avoir annoncer à nos famille, cela a été les montagnes russes des émotions le Noël 2021 et aujourd’hui je suis de nouveau enceinte de 14 semaines !
Ce petit message pour dire qu’on oublie pas mais de belles choses arrivent…
Entre vous et moi
9 novembre 2022 at 21 h 00 minMerci pour ce joli témoignage. Je suis vraiment contente pour vous ! Une nouvelle aventure s’ouvre à vous. Je vous souhaite tout le meilleur.